Depuis quelques années, un vent de changement souffle sur l’entrepreneuriat technologique au Québec. De plus en plus de femmes osent faire le saut en lançant leur startup technologique. Visionnaires, stratégiques, hautement compétentes et sensibles à leur environnement, ces femmes contribuent à transformer progressivement un écosystème longtemps marqué par une forte prédominance masculine : elles font évoluer les mentalités, brassent de nouvelles idées et contribuent à changer les façons de faire et d’être. 

À l’ACET, nous avons le privilège d’accompagner un nombre grandissant d’entrepreneures qui participent activement à façonner un monde meilleur grâce à leur innovation technologique. Cependant, bien qu’elles soient de plus en plus présentes en technologie, elles deumeurent en minorité. 

En cette Journée internationale des droits des femmes, nous avions à cœur de mettre en lumière le parcours de quatre entrepreneures qui, pour nous, incarnent cette révolution en cours : Azra Hasanefendic, fondatrice de Zelexio, Gabrielle La Rue, fondatrice de LocketGo, Marie-Hélène David, fondatrice de Myni, ainsi que Maude St-Pierre, fondatrice de GRAZY. 

Accompagnées et propulsées par l’ACET, ces femmes nous inspirent par leur audace, leur grande rigueur, leur passion contagieuse et leurs solides compétences. Découvrez leur aventure entrepreneuriale à travers 6 questions que nous leur avons posées. 

Quelle était ta perception de l’entrepreneuriat technologique au moment de lancer ta startup? Et comment a-t-elle évolué au fil de ton aventure entrepreneuriale?  

Azra : Je voyais l’entrepreneuriat technologique comme un terrain fertile pour l’innovation et le changement, où les idées audacieuses peuvent se transformer en solutions concrètes. Mais je n’étais pas pleinement consciente des nombreux défis liés notamment au financement et à l’évolution rapide de la technologie. J’ai appris que la résilience, l’empathie et la flexibilité ne sont pas seulement des atouts, mais des nécessités et que chaque obstacle est une opportunité d’apprentissage. 

Gabrielle : En toute honnêteté, je ne connaissais rien du tout en technologie lorsque j’ai lancé LocketGo. Depuis les dernières années, j’ai énormément appris sur tous les volets technologiques de nos produits, autant logiciel que physique. Je suis beaucoup plus confortable à naviguer dans cet univers maintenant.  

Marie-Hélène : J’avais l’impression que c’était compliqué et réservé à des doctorants. En gros, que ce n’était pas accessible pour la comptable de formation que je suis. Mais je sais aujourd’hui que lorsqu’on s’entoure des bonnes personnes et qu’on est passionné par notre mission, tout s’apprend et se développe.

Maude : J’ai toujours été très impressionnée par le domaine de la foodtech! Je demeure encore très captivée par toutes les nouvelles technologies sur le marché et celles du futur. Les nouvelles pratiques de production, les procédés industriels 4.0 et l’arrivée de l’intelligence artificielle conjointement avec la demande pour des produits plus naturels, à base de plantes, éthiques et durables, ont amené plusieurs avancées rapides dans l’industrie. J’adore prendre part à cette industrie qui a tant de potentiel et d’opportunités d’innovation!

Quel est ou a été ton plus grand défi en tant que femme entrepreneure en technologie depuis la création de ta startup? 

Azra : Ça a été de naviguer dans un écosystème majoritairement masculin tout en affirmant ma crédibilité et ma vision. J’ai dû travailler plus dur pour prouver ma compétence et la viabilité de ma vision dans des salles où j’étais souvent l’une des rares femmes, voire la seule. Cependant, ce défi a également été une source d’opportunités. Il m’a poussée à me renforcer, à innover et à m’engager activement. 

Gabrielle : Le plus grand défi était probablement plus entre mes deux oreilles que dans la réalité, mais personnellement, apprendre comment la technologie fonctionne a été le plus grand défi pour me rendre crédible aux yeux de mes pairs, des investisseurs et des autres membres de mon écosystème. 

Marie-Hélène : Pour ma part, je dirais que ça a été le financement. C’est un monde encore majoritairement dominé par les hommes, ce qui a été plutôt intimidant au début. Les financements se font encore beaucoup dans des entreprises détenues par des hommes. Cela dit, j’ai réussi à tailler ma place et à démontrer ma crédibilité aux yeux des investisseurs et j’en suis bien fière!

Maude : L’un de mes plus grands défis est définitivement l’équilibre travail-famille-santé. Je crois toutefois qu’il est possible de réaliser ses ambitions professionnelles et personnelles tout en ayant du succès, tu dois seulement « set up for success » !

Comment as-tu réussi à faire ta place dans le monde entrepreneurial technologique, monde dans lequel la disparité de genre est encore bien présente en 2024? 

Azra : J’ai activement cultivé un réseau de mentors, de pairs et d’alliés, à la fois hommes et femmes, qui croient en la force de la diversité dans le monde de la technologie. Et plutôt que de me conformer aux attentes ou aux stéréotypes, j’ai choisi de mettre en avant ma perspective en tant qu’entrepreneure en technologies. Cela signifie parler avec confiance, revendiquer mes réussites et celles de mon équipe et ne pas craindre de défendre mes idées et ma vision. 

Gabrielle : Je dirais qu’être une femme n’a jamais été un obstacle dans mon parcours entrepreneurial. Même qu’au contraire, ça a été un atout. Il est plus facile je trouve de se démarquer dans les pitchs, les conférences, etc. Aussi, lever des capitaux a toujours été une chose avec laquelle j’avais de la « facilité », ayant une affinité pour le storytelling, la vente et « donner un show »!

Marie-Hélène : Je prêche par l’exemple en facilitant la diversité et l’inclusion dans mes équipes. Je n’accepte plus de travailler avec des collaborateurs qui n’ont pas nos valeurs d’entreprise!

Maude : Femmes ou hommes, nous avons tous des défis similaires en tant que startup. Bien que notre société ait encore beaucoup de pain sur la planche pour arriver à une meilleure parité entrepreneuriale, j’ai toujours eu comme vision que notre genre ne nous définit pas et que cela ne m’empêchera en rien de réaliser mes ambitions. Je reste honnête à mes valeurs et m’entoure des gens ayant des valeurs d’égalité et de respect : je suis allergique à la misogynie! 

Comment ton leadership se traduit-il au quotidien dans ton entreprise et même dans ton secteur d’activité? 

Azra : Par une mise en avant résolue de l’humain et de sa capacité à réaliser des choses extraordinaires. Je crois fermement que l’humanisme, la transparence et l’empathie sont les piliers essentiels d’un leadership fort, bienveillant et équitable. Chaque jour, je m’efforce de placer l’humain au centre de toutes nos actions et décisions. Cela constitue l’essence même de notre produit technologique : valoriser et soutenir l’humain. 

Gabrielle : Je crois qu’en étant bienveillant, humain et en ayant une vision claire, on peut accomplir énormément de choses. Les employés, comme n’importe quelle personne dans nos vies, nous ferons confiance si on leur montre de l’empathie et qu’on est clair dans nos attentes et notre vision. L’empathie permet de se mettre dans leurs souliers au quotidien et de prioriser l’humain avant la tâche à accomplir. Je crois que c’est la clé du succès de LocketGo.

Marie-Hélène : Je suis extrêmement créative et ça se répercute dans nos opérations. On aime réinventer les façons de faire autant à l’interne que dans le développement de nos produits. 

Maude :  Je tente de partager des valeurs de respect, d’excellence, de bienveillance et de transparence avec mon équipe. Je dirais que je tends à être une leader collaboratrice et humaine avec mon équipe. L’esprit d’équipe et l’entraide sont des éléments d’une grande importance pour moi.

Quelle réussite te rend la plus fière en tant que femme entrepreneure? 

Azra : Bien sûr d’avoir bâti une entreprise qui reflète mes valeurs et ma vision dans chaque aspect de son fonctionnement, de la culture interne jusqu’à l’impact de notre technologie au sein de la société. Mais par-dessus tout, c’est d’avoir inspiré mes enfants, et surtout ma fille, à se tourner vers la technologie et de nourrir son rêve de devenir entrepreneure elle-même. C’est extrêmement gratifiant.

Gabrielle : De donner un emploi à mon frère qui lui permet de poursuivre ses études et de prendre du temps avec sa famille. D’avoir également pu redonner l’investissement « love money » à ma famille rapidement, qui m’a fait aveuglément confiance au début.

Marie-Hélène : Pour moi, c’est assurément la conciliation travail-famille! Je travaille énormément et j’investis beaucoup de temps et d’énergie dans la croissance de Myni, mais je mange avec mes enfants chaque soir. C’est précieux et non négociable. 

Maude : Plusieurs choses au cours de mon parcours m’ont rendue fière, mais je dirais définitivement le fait d’avoir fondé mon entreprise seule à 26 ans. Afin d’y arriver, j’y ai placé toutes mes économies et pendant plus de deux ans j’ai dû être une « flexipreneure » afin de financer mon projet. Concilier un emploi tout en fondant une entreprise, cela a été tout un défi! Je suis fière d’avoir osé me lancer en affaires et aussi d’avoir bâti une équipe aussi fantastique et engagée.

Aujourd’hui, avec l’expérience que tu as acquise comme entrepreneure, quel conseil donnerais-tu à celle que tu étais au tout début de ton aventure entrepreneuriale? 

Azra : Crois fermement en ta vision et en tes valeurs et entoure-toi de personnes qui les partagent. Ta vision unique est ce qui différencie ta startup dans un marché compétitif. Tu feras des erreurs, beaucoup d’ailleurs, et c’est normal. Ce qui importe, c’est ta capacité à apprendre de ces erreurs et à t’adapter. Cultive activement ton réseau professionnel dès le début. Et surtout, prends soin de toi.

Gabrielle : L’argent est un résultat et non un but. « Enjoy the ride »! 

Marie-Hélène : Lance-toi rapidement, n’attends pas que tout soit parfait. C’est en vendant ton produit rapidement que tu pourras l’améliorer en plus de financer tes opérations.

Maude : Je lui dirais tout d’abord, l’entrepreneuriat ce n’est pas un sprint, mais bien un marathon! Alors ne néglige jamais tes piliers : santé, famille et ami.e.s. Ils sont essentiels pour passer au travers des différentes étapes d’une startup. Je lui dirais également d’avoir confiance en ses capacités et de foncer! 

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