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PHOTO FOURNIE PAR OZERO SOLUTIONS – Ozero Solutions fabrique des stations de nettoyage d’embarcations de plaisance, afin de les débarrasser de toutes traces d’espèces aquatiques envahissantes avant leur mise à l’eau.

Ozero Solutions se spécialise dans la lutte contre les envahisseurs.

Son arsenal : des stations de nettoyage d’embarcations de plaisance, afin de les débarrasser de toute trace d’espèces aquatiques envahissantes avant leur mise à l’eau.

La jeune entreprise de Drummondville, dirigée par trois diplômés en génie mécanique, a notamment mis au point un dispositif qui rince les réceptacles d’eau stagnante à bord des embarcations, dans les endroits inaccessibles aux habituels jets d’eau chaude à haute pression.

Sur ce front, les bonnes nouvelles se succèdent pour Ozero.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs vient de lancer un nouveau programme de subvention de stations de nettoyage d’embarcations destiné aux municipalités. Doté d’une enveloppe de 6,4 millions, il s’étire en continu jusqu’en 2028 – une mesure qu’a saluée l’Union des municipalités, le 21 mars dernier.

« Ça fait en sorte que plus de projets peuvent être acceptés chaque année, et il n’y a plus d’enjeu de temps », commente Matys Tessier, directeur financier d’Ozero, qui se réjouit autant pour son entreprise que pour la qualité des plans d’eau.

Un bonheur nautique n’arrivant jamais seul, Ozero a reçu confirmation, il y a quelques jours, d’une première commande de cinq stations de nettoyage au lac Saint-Jean par la CLAP (Corporation de LACtivité Pêche Lac-Saint-Jean), dans un programme qui devrait à terme en compter une vingtaine.

Ajoutons aux réjouissances : Ozero devrait toucher sous peu une aide financière fédérale pour aller porter de l’Ontario à la Nouvelle-Écosse la Bonne Nouvelle de la prévention active – ce que Matys Tessier appelle en rigolant « faire de l’évangélisation ».

« Cette aide nous permettra de nous déplacer sur le terrain et de faire 17 évènements de sensibilisation avec une station mobile », décrit-il.

De jolis succès qui augurent bien de l’avenir pour une entreprise qui a été fondée il y a à peine trois ans.

Plongeons

Ozero Solutions plonge ses racines dans un projet de fin d’études mené par un groupe de 11 étudiants en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke.

« On cherchait un projet qui aurait un impact social et on ne voulait pas qu’il finisse sur les tablettes de l’université », relate Matys Tessier.

À la suggestion de résidants des Trois Lacs, près de Val-des-Sources, aux prises avec la myriophylle à épis, ils se sont attaqués au problème de l’arrachage des plantes aquatiques envahissantes, pour se rendre compte bientôt qu’il valait mieux prévenir qu’extirper le mal.

Leurs recherches les ont menés sur la piste des stations de nettoyage.

Dès la fin de leurs études, en décembre 2020, six des diplômés ont fondé Ozero Solutions. Trois ont persisté : Matys Tessier, Olivier Liberge, directeur des opérations, et Maxime Guay, directeur technologique.

« On avait tous les mêmes études, raconte le premier. On a dû se diversifier dans nos spécialisations. Pour faire avancer une entreprise, tu n’as pas besoin de seulement trois diplômés en génie mécanique. »

Ils ont appris en plongeant.

Ils ont réussi à se financer avec leurs maigres fonds propres et avec les ventes, à mesure qu’ils les réalisaient.

« On est allé chercher des subventions non remboursables la première année, ce qui fait qu’on a réussi à n’engendrer aucune dette à travers tout ça et à devenir profitable. »

Mais ils ont sué, au sens propre. Afin de maximiser une subvention d’Investissement Québec pour une station de lavage destinée à la Ville de Magog, les trois directeurs se sont eux-mêmes employés au nettoyage des embarcations.

« Je dois t’avouer qu’après avoir fait du nettoyage les jeudis, vendredis, samedis et dimanches pendant deux étés, on avait hâte qu’elle finisse, cette subvention-là, même si elle a été payante », reconnaît Matys Tessier.

L’entreprise a installé six stations durant sa première année d’existence, 12 en 2022 et 17 en 2023. Une quinzaine ont déjà été vendues en 2024.

« En ce moment, on vit avec l’argent des ventes à 100 % », ajoute-t-il.

L’entreprise a engagé une stagiaire et un employé pour la production, et se prépare à accroître ses minces effectifs.

Elle espère atteindre cette année une production de 25 à 35 stations, puis franchir en 2025 les frontières du Québec.

Solution brevetée

« Là où on se démarque, c’est dans le fait que nos stations ne sont pas seulement des laveuses à pression qui décontaminent l’extérieur du bateau, c’est-à-dire la coque et la remorque, commente Matys Tessier. On a développé des outils et des technologies qui permettent de décontaminer toutes les zones qui accumulent de l’eau à l’intérieur du bateau : viviers de bateaux de pêche, fonds de cale, eau de refroidissement des moteurs hors-bord, turbines des motomarines, ballasts des bateaux de wakeboard… »

Ils ont conçu un dispositif à basse pression qui vient purger ces zones inaccessibles avec de l’eau chaude, à l’aide d’accessoires qui s’adaptent aux diverses configurations.

Ozero Solutions propose des stations de nettoyage mobiles et autonomes sur remorque, ou fixes dans des cabanons ou des édifices existants. L’entreprise a également mis au point un système de borne d’accès au lieu de mise à l’eau, qui oblige le plaisancier à faire l’opération de nettoyage pour obtenir le ticket qui lui donnera le sésame de la barrière.

« C’est exactement comme un stationnement souterrain », exprime Matys Tessier.

À l’attaque

La lutte contre les envahisseurs ne connaît pas de frontières. Ozero a entrepris des démarches pour faire connaître aux États-Unis sa technologie brevetée pour le nettoyage des ballasts et autres recoins.

Des tests ont été conduits au Colorado, au Wyoming et au Montana durant l’été 2023, qui ont mené à des ajustements. Le système devrait être mis en vente au Colorado cette année.

Ozero est passé à l’offensive.