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On voit ici le premier «photomasque programmable» de Digitho (lithographie – Gutenberg). (Fournie par Digitho)

Les défaillances de composantes électroniques, omniprésentes entre autres dans les véhicules d’aujourd’hui, ont d’énormes retombées négatives. La technologie développée par Digitho, une jeune pousse travaillant de concert avec le centre de recherche en microélectronique de Bromont (C2Mi), permet notamment de circonscrire les problèmes en ayant recours à la traçabilité des semi-conducteurs. 


Tesla doit actuellement rappeler plus de deux millions de voitures pour réparer un système automatique défectueux. Un chiffre pour le moins astronomique qui a non seulement une grande incidence financière pour le constructeur, mais également sur sa réputation. Les innovations de Digitho pourraient jouer un rôle crucial dans ce type de dossier.

«Notre technologie permet de marquer d’un numéro de série chaque semi-conducteur avec l’équivalent d’un code QR. Ce qui n’était pas possible auparavant de façon économique à grande échelle», indique en entrevue le responsable commercial et financier puis cofondateur de la jeune entreprise, Cédric Canu.

On voit ici un exemple de marquage de 100 microns réalisé par Digitho. À titre comparatif, 1 mm équivaut à 1000 microns.  (limsuser/Fournie par Digitho)

En fait, «des solutions existent sur le marché. Mais elles sont extrêmement dispendieuses. En plus d’être très peu efficaces», ajoute celui qui est à la tête de la compagnie, spécifiant que le recours à des bases de données complexes est une des avenues préconisées actuellement dans plusieurs industries.

De son côté, la technologie de Digitho permet de fournir une foule d’informations cruciales rapidement. «On connaît la position du semi-conducteur et même de quelle tranche de silicium il provient. On peut voir à quelle date, à quelle heure, par quelle machine et quelle équipe l’a produit, mentionne M. Canu. Ça permet de revoir ce qui s’est passé de façon accélérée.»

Ce processus d’analyse, qui pouvait prendre des semaines, voire davantage, est désormais réalisé en quelques heures. «Et au lieu de rappeler des milliers de véhicules, on pourrait en cibler peut-être seulement une dizaine» a cité en exemple le chef d’entreprise.

La traçabilité des puces électroniques permet aussi de sélectionner les meilleurs semi-conducteurs lors de la production. «On peut donc les vendre plus cher, ce qui est très bénéfique pour l’entreprise», a indiqué l’homme d’affaires.

Essor

Digitho travaille en partenariat avec le C2MI depuis 2021. Un choix qui s’est avéré incontournable pour cette jeune pousse en haute technologie. «Le C2MI a des capacités industrielles et nous a grandement aidés comme startup. Le C2MI nous fait confiance, tout en nous permettant de nous positionner vis-à-vis des clients internationaux dès le départ», fait valoir Cédric Canu.

À ce chapitre, Digitho a notamment pu utiliser les équipements de lithographie laser du centre de recherche pour des démonstrations de ses produits pour des clients en Europe.

Équipe de Digitho Richard Beaudry, Cédric Canu et Maurice Delafosse
L’équipe de direction de Digitho est composée de Richard Beaudry, Cédric Canu et Maurice Delafosse. (Fournie par Digitho)

L’équipe de Digitho travaille par ailleurs sur un nouveau procédé (masque programmable). «On fera des tests au C2MI au premier trimestre de 2024. Ça nous permettra de [faire des partenariats] avec des clients pour un projet pilote», indique le cofondateur.

La jeune entreprise a donc clairement des ambitions internationales. Selon M. Canu, Digitho a déjà des relations avec des clients aux États-Unis, en Allemagne puis à Taïwan. Le responsable financier de la compagnie aimerait également tisser des relations d’affaires avec IBM et Teledyne Dalsa, également établies à Bromont.

Or, il est très important pour les dirigeants de Digitho de maintenir un lien fort avec la municipalité. «Ici, il y a tout un écosystème de semi-conducteurs, dit M. Canu. Des gens ayant de grandes qualifications sont disponibles localement, et proviennent entre autres de l’Université de Sherbrooke.»

À court terme, la production de Digitho se fera au C2MI. L’entreprise pourrait d’abord emménager dans le futur incubateur industriel, puis dans sa propre usine à Bromont dans un horizon de quatre ans, souligne le dirigeant de la compagnie.

L’équipe de Digitho, qui travaille également avec l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3iT) de l’Université de Sherbrooke, est actuellement composée de six membres, incluant ses trois dirigeants, soit Richard Beaudry, Cédric Canu et Maurice Delafosse. On prévoit créer une vingtaine d’emplois d’ici deux ans.