Julie Roy | La Presse | Lire l’article original
Qu’ont en commun le végétarisme, le triathlon, l’Australie, la finance et le développement durable ? Ils ont tous un lien avec la création de Séva Nature, une PME spécialisée dans les mélanges pour crèmes glacées molles à base végétale. Petite révolution dans son domaine, l’entreprise a remporté en 2022 le Prix entreprise innovante Desjardins. Discussion avec sa fondatrice, Maude St-Pierre.
Que vient faire l’Australie dans le parcours de Séva Nature ?
En 2016, j’ai participé au Championnat du monde de triathlon en Espagne. Cette expérience a changé ma vie. J’ai développé de la rigueur, de la persévérance et, surtout, j’ai adopté une routine de vie et ma vision de l’alimentation a changé. Je me suis tournée vers un régime végétarien. Après mes études en finance, je savais que je voulais devenir entrepreneure, mais j’avais besoin de me retrouver. Je suis partie un an en Australie et c’est là que j’ai découvert une panoplie de produits faits à base de plantes. À mon retour au Québec, j’ai décidé de développer une nouvelle alternative végane pour les consommateurs s’inspirant de l’Océanie, mais le tout devait se faire avec une vision de développement durable.
Pourquoi la crème glacée ?
Il existe beaucoup de boissons à base de protéines d’origine végétale, mais on ne retrouve rien ou presque dans le domaine des desserts glacés véganes et sans allergènes. Toutefois, je ne suis pas une spécialiste en alimentation ni en recherche et développement. Il a fallu que j’aille chercher de l’expertise en Europe, aux États-Unis et chez nous. Finalement, j’ai embauché une consultante experte en la matière. Nous avons opté pour l’avoine parce que c’est un grain durable, non allergène, qui procure aux produits une texture ultra-onctueuse. Il nous a toutefois fallu faire plus d’une centaine de prototypes avant d’arriver à un produit final qui répondait à nos standards en termes de qualité. Cela est sans parler de tous les problèmes d’approvisionnement d’avoine qu’il a fallu affronter. En tout, il a fallu près de deux ans de développement.
Quel est le lien entre cette crème glacée et le développement durable ?
Nous avons un plan de développement durable. Mon but n’est pas de me servir de l’argument écologique de manière trompeuse pour améliorer notre image, mais cela fait quand même partie de l’ADN de l’entreprise. Par exemple, on produit uniquement selon les demandes et, de ce fait, en plus de réduire nos pertes, on évite le gaspillage alimentaire.
Vendre un tel produit a-t-il été simple ?
Nos clients sont les restaurants et les maîtres glaciers. L’an dernier a été officiellement notre première année de vente, mais le monde de la distribution est loin d’être simple. Il y a eu plusieurs barrières à l’entrée. Par chance, nous avons réussi à faire nos preuves. Aujourd’hui, nous sommes présents dans plus de 500 points de vente, dont Chocolats Favoris. Notre chiffre d’affaires a augmenté de 500 % uniquement l’an passé et on souhaite faire le double pour les deux ou trois prochaines années.
Et maintenant ?
Mon objectif est d’amener l’entreprise ailleurs. Oui, c’est un marché émergent, mais il y a de la place pour l’innovation. En ce moment, nous avons les parfums à la vanille et à la mangue. En septembre, nous allons faire un virage et on prévoit offrir d’autres gammes de produits avec lesquelles nous ciblons les épiceries. Pour aller plus loin, je peux compter sur une équipe passionnée et engagée, dont mon directeur de recherche et développement, Marc-Antoine Vézina. On s’est préparés pour la croissance, on est prêts et on a la capacité pour y arriver.