Marc Tison | La Presse

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Dyze Design_logo

Les fondateurs de Dyze Design, fabricant de composants pour l’impression 3D, n’auraient pas été plus heureux s’ils avaient réussi à imprimer de l’argent.

Ils viennent d’ailleurs d’en faire apparaître un beau paquet.

La jeune entreprise de Longueuil a réussi son premier tour de financement, qui lui a permis de réunir 2 millions de dollars.

« On ne peut pas être plus fiers de ce qu’on vient d’accomplir », lance Simon Duchaine, directeur du marketing et des ventes chez Dyze Design, qui souligne la difficulté de faire valoir le potentiel d’une entreprise en technologie concrète plutôt que numérique.

Dyze Design conçoit et fabrique des systèmes d’extrusion pour imprimantes 3D. Elles crachent un long filament de polymère, qui s’étage et s’enroule pour former des pièces simples ou complexes.

En industrie, c’est ce qu’on appelle de la fabrication additive.

500 °C

Dans un marché en forte croissance et à forte concurrence, les extrudeuses de Dyze Design se signalent par leur qualité, leur vitesse et leur capacité à travailler à 500 °C avec des polymères de haute technologie, explique Simon Duchaine. « Nos produits sont résistants à l’abrasion. Avec eux, on peut imprimer des polymères renforcés de carbone ou de fibre de verre, pour les secteurs de pointe. »

Son modèle Typhoon déroule, chauffe et dépose des filaments préfabriqués.

Le système Pulsar, pour sa part, n’est ni plus ni moins qu’une extrudeuse mobile qui fait fondre des granules thermoplastiques pour produire un fil. Sa capacité à extruder un filament de plus grand diamètre est mise à profit dans le modelage de pièces qui peuvent atteindre 1 m3 de volume, pour l’industrie automobile, par exemple.

Le coeur du problème

Dyze Design trouve son origine dans l’intention de son directeur de la recherche et développement, Philippe Carrier, alors étudiant en génie et musicien amateur, de se fabriquer une batterie aux formes non conventionnelles.

Il s’est procuré à cet effet une imprimante 3D chinoise, qui n’a pas rempli ses promesses.

« Il a tout analysé pour se rendre compte que le cœur de l’imprimante, le système d’extrusion, n’était pas très bon, raconte Simon Duchaine. Il s’est mis à concevoir son propre système. »

Qui fonctionnait à merveille, celui-là.

Il faut battre l’affaire pendant qu’elle est chaude, s’est dit le batteur.

Avec son frère Jean-Sébastien Carrier, son collègue Maxence Gélinas-Guy et son colocataire Simon Duchaine, il a fondé Dyze Design en juin 2015.

Voir plus gros

Les associés ont d’abord voulu s’adresser aux consommateurs qui utilisaient une petite imprimante 3D à domicile, mais ils se sont vite aperçus que la qualité de leur matériel le destinait au marché industriel, plus lucratif.

Avec de la publicité ciblée sur l’internet et la visite de nombreuses foires spécialisées, ils ont pu trouver de nombreux fabricants d’imprimantes 3D intéressés par leur technologie.

L’entreprise a septuplé son chiffre d’affaires depuis sa fondation.

Dyze Design compte maintenant 25 employés, dont les deux tiers se consacrent à la recherche et au développement.

Ses appareils sont distribués dans une cinquantaine de pays et sont utilisés par 25 fabricants d’imprimantes 3D.

Parmi ceux-ci, on compte l’italien Roboze, l’américain Filament Innovations… et le montréalais AON3D. En septembre dernier, AON3D avait lui aussi annoncé une levée de fonds de 14,4 millions. Ses imprimantes 3D à haute température serviront à fabriquer les premières pièces imprimées en 3D à se poser sur la Lune, avec la mission Peregrine d’Astrobotic, prévue en 2022.

De l’argent et des mentors

Ces percées nourrissent l’ambition de Dyze Design, qui « se voit un peu comme le Intel Inside des imprimantes 3D ».

C’est ici qu’intervient l’apport financier que ses fondateurs viennent d’obtenir d’ACET Capital, Boréal Ventures, Développement économique de l’agglomération de Longueuil et un groupe d’investisseurs privés.

« On est entourés de partenaires qui partagent notre vision », commente Simon Duchaine. « L’argent, c’est une chose, mais on voulait aussi aller chercher des mentors. »

Cette impulsion les aidera à accélérer le développement de leurs produits, accentuer leur présence aux États-Unis et en Europe, et renforcer leur stratégie de propriété intellectuelle.