Chloé Cotnoir | La Tribune

 

Cinq ans après sa création, l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET) a accompagné 52 entreprises dans leur développement. Aujourd’hui, 35 entreprises sont toujours sous l’aile de l’organisation à but non lucratif, 6 l’ont quitté pour cause de vente ou de fusion et 8 ont fermé. Quelque 170 emplois ont été créés dont 80 % sont situés à Sherbrooke et près de 18 M$ ont été investis dans ces entreprises.

 


 

Roger Noël, président-directeur général, et Ghyslain Goulet, vice- président aux affaires financières, ont rencontré La Tribune pour présenter ces chiffres dans une entrevue bilan. Jamais avant, l’ACET n’avait présenté un bilan détaillé à un média.

 

« On trouvait que de franchir le cap des 5 ans était un moment propice pour présenter un bilan », explique M. Noël.

 

Selon le PDG, c’est environ 800 000 $ qui sont injectés chaque année dans des projets nés bien souvent dans la tête d’étudiants à la maîtrise et au doctorat à l’Université de Sherbrooke – « des créatifs sans argent », souligne M. Noël. Ces jeunes entreprises sont accompagnées environ 4 ans avant de voler de leurs propres ailes. Pendant ces années, elles profitent de plusieurs heures de mentorat, entre 250 à 500 heures données par des hommes d’affaires et des spécialistes selon des besoins précis.

 

« Il y a environ 150 à 200 organisations qui travaillent avec nous. Que ce soit Sherbrooke Innopole, Magog Technopole, des bureaux d’avocats, de comptables, des ministères… Quand ces organisations ne participent pas financièrement, elles fournissent en aide directe que ce soit en donnant des formations, du mentorat ou en fournissant des services à prix réduit. On a réussi à créer un écosystème nécessaire à notre fonctionnement et qui fait notre force », poursuit M. Noël.

 

 

Un modèle unique avec un haut taux de réussite

 

En cinq ans, seulement huit entreprises sélectionnées sur 52 par l’ACET ont fermé leurs portes. Comment expliquer un si faible taux d’échec dans un domaine aussi compétitif que la technologie, où les entreprises sont souvent des « home run ou simplement des strike », comme l’illustre Roger Noël, président- directeur général de l’organisation à but non lucratif?

 

« On est le seul organisme à effectuer le suivi comme nous le faisons avec les entreprises sélectionnées par l’ACET. Nos mentors ne leur disent pas quoi faire, ils leur montrent comment le faire. Notre approche, c’est le learning by action », explique M. Noël. De plus, le PDG s’assure de toujours choisir des projets menés par des personnes ayant le goût du risque.

 

« Il faut que certains membres aient un profil entrepreneurial. Sans goût du risque, des personnes peuvent facilement abandonner à la moindre embûche. Il nous faut des achievers », poursuit M. Noël.

 

Un des derniers critères de sélection se résume à la présence d’une équipe. « On ne prend pas des individus seuls puisque le projet avorte s’il quitte alors que s’il s’agit d’une équipe, d’autres membres peuvent prendre le relais », soutient M. Noël, mentionnant que deux projets de l’ACET sont tombés à l’eau pour cause de décès.

 

Finalement, l’accélérateur d’entreprises se fait un devoir de protéger ses entrepreneurs pour que leur projet ne soit pas simplement avalé par un géant des technologies.

 

 

ACET Capital gonfle de 3 M$

 

En janvier 2011, l’ACET parvenait à réunir un peu plus d’un million dans un fonds d’investissement pour les entreprises de l’ACET. « Avec ce million, on a réussi à faire des montages financiers pour 18 M$, excluant le financement externe ou privé qu’ont pu recevoir les entreprises », soutient le PDG, en spécifiant que le million de départ était dorénavant épuisé.

 

Dans la dernière année, M. Noël s’est donc attelé à trouver de nouvelles sources d’argent pour regarnir le fonds d’ACET Capital. « J’ai réussi à aller chercher 3 M$ provenant de 2 institutions et de 5 investisseurs privés. Ça va nous servir pour 3 ans », annonce-t-il fièrement. Cette somme permettra à l’accélérateur de création d’entreprises de soutenir son importante progression. À preuve, seulement en 2015, l’ACET a réalisé près de 6 M$ d’investissement.

 

« Au début, on n’avait pratiquement pas d’investissement à faire. On a commencé avec 8 entreprises. Dorénavant, on a beaucoup plus de projets et on reçoit des demandes d’admission au programme toutes les semaines. De plus, on avait la même philosophie, mais on n’était pas capable de l’appliquer faute de partenaire. Maintenant, les compagnies nous approchent pour investir dans nos projets. On n’aurait jamais eu ça au début, personne ne voulait nous parler! » explique le PDG, en précisant qu’ACET prend également une participation de 5 % dans le capital action de toutes les entreprises acceptées dans le programme.

 

« Ça assure la pérennité du fonds, mais ça n’a rien rapporté jusqu’à maintenant, les entreprises sont en progression! »

 

 

Roger Noël passera le flambeau

 

À la fin de l’année, le président-directeur général d’ACET, Roger Noël, passera le flambeau à Ghyslain Goulet, actuellement vice-président aux affaires financières. M. Noël restera toutefois près de son ancien poste puisqu’il prendra les commandes d’ACET Capital. « Je passe le relais à Ghyslain pour m’occuper du volet financier de l’ACET, soit ACET Capital. Laisser ma place à Ghyslain me permettra de me libérer et de me donner plus d’idées », explique M. Noël, à la tête de l’ACET depuis sa création en 2011.

 

M. Goulet travaille à temps pour l’organisation à but non lucratif depuis le début de l’année. Il agissait également à titre de coach depuis 2012. « Il travaille à temps plein avec moi depuis le début de l’année pour connaître tous les rouages de l’organisation et pour se faire connaître de la communauté universitaire. Mais à la fin de l’année, il prendra les commandes », soutient M. Noël.

 

« Ce sera un défi professionnel passionnant et stimulant », commente de son côté M. Goulet.