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PHOTO FOURNIE PAR SBQUANTUM
Depuis l’annonce de son association avec une agence de la Défense américaine, en septembre 2023, les effectifs de SBQuantum ont pratiquement doublé, passant de 13 à 25 employés.

La firme sherbrookoise SBQuantum, qui a conçu un capteur quantique à base de diamant pour mesurer le champ magnétique, a été choisie par l’Agence spatiale européenne pour démontrer les capacités de sa technologie, qui pourrait remplacer le GPS traditionnel.

L’annonce, qui sera rendue publique ce mardi, marque un nouveau jalon pour la PME fondée en 2016 qui a pratiquement doublé son personnel depuis un an, passant de 13 à 25.

En septembre 2023, SBQuantum avait été choisie dans le cadre d’un ambitieux projet de cartographie par une agence de la Défense américaine. Outre le partenariat avec l’Agence spatiale européenne, on annoncera ce mardi des tests menés pour l’Agence spatiale canadienne à une altitude de 40 km pour confirmer la robustesse de cette technologie.

« Les autres technologies ont beaucoup de problèmes qui n’ont pas été résolus, explique Kayla Johnson, physicienne quantique chez SBQuantum. Avec le diamant quantique, on peut proposer de nouvelles solutions. »

La technologie développée par SBQuantum, un capteur appelé « magnétomètre quantique à base de diamant », permet de mesurer avec une grande précision la variation du champ magnétique terrestre.

En cartographiant ce champ, on dispose d’une méthode de localisation qui ne dépend pas des satellites comme le GPS, et qui nécessite des infrastructures moins lourdes et moins coûteuses.

La magnétométrie, ou mesure du champ magnétique terrestre, est loin d’être une nouveauté : la boussole et le compas, qui utilisent ce principe, sont connus depuis au moins deux millénaires.

Combinée à l’intelligence artificielle et avec l’élaboration de cartes de référence, la mesure du champ magnétique terrestre peut avoir de nombreuses autres applications, permettant notamment le repérage de gisements de minerais, la navigation là où les interférences nuisent à l’utilisation du GPS et la détection d’objets à des fins militaires.

La technologie de SBQuantum utilise plus spécifiquement les propriétés quantiques du diamant, dans lequel deux atomes de carbone sont remplacés par un atome d’azote, qui crée alors une paire d’électrons libres sensibles au champ magnétique. Leur état quantique est mesuré par un laser, puis analysé par des algorithmes.

Vers Mars

Avec l’Agence spatiale européenne, on testera la fiabilité et la précision des magnétomètres dans l’espace pour, notamment, surveiller les tempêtes magnétiques, qui peuvent perturber les communications sur Terre.

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Le « magnétomètre quantique à base de diamant » développé par SBQuantum, qui mesure une vingtaine de centimètres, permet d’établir un modèle précis du champ magnétique terrestre.

« Les satellites actuels, ils font de la prédiction de tremblements de terre avec ça, ils font des études très fondamentales sur la provenance du champ magnétique terrestre, pour pouvoir par exemple mieux prédire les aurores boréales, explique David Roy-Guay, cofondateur et PDG de SBQuantum. Mais on n’est pas très bons pour prédire ça, on ne comprend pas assez bien les phénomènes de reconstruction du champ magnétique. »

« On évalue le potentiel de la technologie à base de diamant pour l’observation satellitaire, mais dans le futur, ça pourrait être utilisé sur de petits robots sur la Lune ou sur Mars, pour faire de l’exploration minière, de la navigation même sans le GPS. »

– David Roy-Guay, cofondateur et PDG de SBQuantum

Quant au partenariat avec l’Agence spatiale canadienne, il sera effectué dans le cadre du programme de ballons stratosphériques appelé STRATOS, qui a permis depuis 2013 de mener 24 expériences dans la stratosphère. Ici, on espère démontrer que les capteurs de SBQuantum pourront supporter des températures aussi basses que -60 °C dans des environnements à basse pression, tout en étant exposés à des radiations.

Tous ces tests et validations sont nécessaires, étant donné la nouveauté de la technologie offerte par la firme sherbrookoise, explique Kayla Johnson. « La plupart des gens sont plus nerveux quand il s’agit d’introduire de nouvelles technologies. On n’est pas encore très connus. On est au point où on a un produit, et on doit démontrer comment il fonctionne en action. »