Yvon Laprade | La Presse

Lire l’article original

Alors que s’accélère la campagne de vaccination pour freiner la propagation du coronavirus, Immune Biosolutions, une biotech de Sherbrooke, presse le pas pour produire un « médicament anti-COVID-19 » complémentaire aux vaccins.

« Depuis mars 2020, nous sommes engagés dans une course. Nous avons le pied sur l’accélérateur », souligne Frédéric Leduc, 41 ans, président de la PME de 30 employés.

Il ajoute : « Nous avons fait en une année ce qui, normalement, nous aurait demandé de trois à cinq années d’efforts concertés. Nous sommes très motivés. »

Il ne cache pas que la motivation a monté d’un cran, à la mi-mars, lorsque la jeune entreprise s’est vu accorder par le gouvernement fédéral une subvention de 13,5 millions de dollars.

« Ça va nous permettre d’accélérer nos travaux pour [au bout du compte] mettre au point un traitement d’immunothérapie contre la COVID-19 », explique-t-il.

Le financement obtenu d’Ottawa servira, entre autres, à la construction d’une « mini-usine » pour produire les médicaments que l’entreprise souhaite commercialiser d’ici au début de 2022.

« À l’heure actuelle, précise Frédéric Leduc – qui fait équipe avec Simon Gaudreau et Jean-François Larivée –, nous sommes au stade des études précliniques. Nous voulons passer aux essais cliniques de phase 2, et [pour ce faire] nous devrons recruter des patients qui accepteront de se porter volontaires. »

D’abord la sécurité

Chose certaine, relève le titulaire d’un doctorat en biochimie de l’Université de Sherbrooke, les défis sont nombreux et les enjeux, tout aussi considérables.

« Nous sommes conscients qu’il y a urgence pour arriver à un résultat final, convient-il. Il faut sauver des vies, mais nous devons agir de façon sécuritaire dans tout ce processus. »

Pas étonnant que la biotech créée en 2012 ait procédé à une dizaine d’embauches depuis un an pour augmenter la cadence dans son laboratoire de recherche.

« On peut dire que nous avons désormais un rythme [de travail] pandémique, fait-il valoir. On fait les choses plus rapidement, et mieux. Avant la pandémie, on travaillait en oncologie. On s’est réalignés, on a amélioré nos méthodes et on pense que ce sera bénéfique pour l’avenir de l’entreprise. »

« Nous avons créé un médicament à partir d’anticorps chez une dizaine de patients qui ont eu la COVID-19 et qui étaient rétablis. L’immunothérapie, c’est un outil supplémentaire et complémentaire au vaccin dans la lutte contre la COVID-19. »

— Frédéric Leduc, président d’Immune Biosolutions

Pour faire une analogie, il explique que l’immunothérapie que son équipe de scientifiques a mise au point agira « comme un missile guidé » dans l’organisme des patients atteints de la COVID-19.

« On espère ainsi fournir des armes biologiques pour permettre au système immunitaire de mieux se défendre contre les attaques du virus, explique-t-il de façon imagée. On pense aussi que ça pourra éviter les complications liées à la maladie, et les cas graves pouvant entraîner la mort. »

Il n’en demeure pas moins que les prochains mois seront déterminants, convient Frédéric Leduc, qui ajoute dans la foulée que la biotech sherbrookoise « vise le marché canadien » avec son immunothérapie ayant pour principale fonction d’empêcher la « surinflammation des poumons ».

« Il nous reste à obtenir les approbations de Santé Canada pour entreprendre les essais cliniques auprès de patients [guéris de la COVID-19], rappelle Frédéric Leduc. Nous sommes sur la bonne voie. »