PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Travaux de laboratoire à l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET)

Simon Lord | La Presse | Lire l’article original

Avec un nombre et une variété d’incubateurs qui ne cesse de croître depuis 10 ans, le secteur entre maintenant dans une phase de maturation qui demandera à tout un chacun de mieux collaborer. Quant aux services virtuels mis en place durant la pandémie, il appert qu’ils sont là pour de bon. Survol des tendances.

Le nombre d’incubateurs québécois qui visent à accompagner des entreprises technologiques est passé d’une dizaine en 2015 à plus d’une centaine aujourd’hui, explique Louis-Félix Binette, directeur général du Mouvement des accélérateurs d’innovation du Québec, qui vise à renforcer la cohésion et l’efficacité de l’écosystème.

Si la variété de services a beaucoup augmenté, Louis-Félix Binette ne voit toutefois pas de formule apparaître qui soit pleinement révolutionnaire.

« De façon générale, il n’y a pas vraiment de tendance de fond sur l’innovation dans les formules », observe-t-il. Avec le foisonnement de l’offre, il croit cependant que le secteur entre en période de transition.

« La quantité et la variété de services ont beaucoup grandi. Aujourd’hui, on est à l’aube d’une phase de maturation.  »

– Louis-Félix Binette, directeur général du Mouvement des accélérateurs d’innovation du Québec

Par conséquent, on voit maintenant émerger certains gros acteurs avec une palette de services plus large, alors que d’autres incubateurs demeurent plus petits, plus spécialisés. Ceux-ci deviennent par exemple des portes d’entrée dans certaines régions ou industries, ou encore des accompagnateurs offrant des services spécialisés.

Louis-Félix Binette évite toutefois de parler de consolidation : « Il n’y a pas de fusions ni d’acquisitions, ou encore de joueurs qui en écrasent d’autres, comme on verrait dans une industrie typique en consolidation. On parle vraiment d’une phase de maturation. Dans le secteur des incubateurs, cela implique plutôt de la collaboration. »

Collaborer pour mieux compétitionner

L’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET) est un bon exemple de cette tendance.

L’incubateur a accompagné 135 entreprises technologiques depuis sa fondation en 2011. Si l’organisme était plus petit au départ et n’accompagnait que des projets émanant de l’Université de Sherbrooke, il a pris de l’ampleur au fil des ans et accompagne maintenant des projets de partout dans la province.

Aujourd’hui, l’ACET reçoit 150 demandes d’accompagnement par année. De ce nombre, elle en choisit 25, ce qui signifie qu’elle accompagne entre 50 et 60 entreprises en même temps.

Reconnaissant que les incubateurs de la province ne sont pas en concurrence les uns avec les autres, mais plutôt avec ceux de l’étranger, le PDG de l’ACET, Ghyslain Goulet, vise donc présentement à mieux collaborer avec les autres acteurs du secteur.

« On discute avec d’autres gros joueurs pour former des partenariats, partager nos expertises et développer des services, par exemple en ce qui a trait à la propriété intellectuelle, que l’on ne pourrait offrir si l’on travaillait isolément. »

En mode hybride

La pandémie a accéléré la virtualisation de services. La dématérialisation d’une partie de l’offre a permis de « déterritorialiser » certains incubateurs, et Louis-Félix Binette ne voit pas de retour en arrière. Ghyslain Goulet non plus.

Si les deux spécialistes reconnaissent que les évènements et l’accompagnement en personne demeurent importants, ils jugent également que les opportunités du mode hybride sont trop grandes pour effectuer un retour complet au présentiel.

L’ACET travaille par exemple sur un nouveau service d’aide à la commercialisation, et celui-ci sera offert sous forme présentielle et virtuelle, explique Ghyslain Goulet. « L’accompagnement en personne reste l’idéal, mais si un entrepreneur a besoin de certains conseils spécifiques et qu’un coach peut les lui offrir en 30 minutes, le mode virtuel peut éviter trois ou quatre heures de déplacement. »