Isabelle Pion | La Tribune

L’entreprise Sherbrookoise Classcraft reçoit 10 M$, qui lui permettra de financer les initiatives de recherche et de développement en intelligence artificielle, dont un partenariat avec le professeur Thierry Karsenti de l’Université de Montréal.


M. Karsenti est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation. M. Karsenti étudiera l’utilisation responsable de l’intelligence artificielle pour la motivation des élèves des écoles primaires et secondaires aux États-Unis et au Canada.

Avec cette somme, obtenue lors d’une ronde de financement dirigée par Investissement Québec, Classcraft souhaite approfondir « ses capacités de motivation des élèves grâce à la culture et la psychologie des jeux ».

L’entreprise de technologies éducatives a dépassé les six millions d’utilisateurs. La mission de Classcraft est d’aider les enseignants à motiver leurs élèves en rendant leurs apprentissages ludiques.

« On travaille à un produit de recherche dans lequel on développe des algorithmes d’intelligence artificielle pour regarder les données qui sont collectées dans Classcraft au niveau du comportement des élèves et réussir à prédire des retombées éducatives. Par exemple, est-ce que l’utilisation de Classcraft a un impact sur les taux d’absentéisme, sur la collaboration des élèves, le nombre de fois qu’ils sont envoyés à la direction? » indique le cofondateur de Classcraft, Shawn Young, également président-directeur général.

« On ne veut d’aucune façon remplacer le pouvoir décisionnel des enseignants. »  Shawn Young

L’entreprise veut bâtir avec l’Université de Montréal une structure pédagogique afin de faire des recommandations aux enseignants et aux directions d’école.

« On ne veut pas d’aucune façon remplacer le pouvoir décisionnel des enseignants, on veut plutôt les aider en interprétant les données pour eux », commente M. Young, qui était auparavant enseignant au Salésien.

« L’intelligence artificielle peut avoir des effets formidables sur la motivation scolaire des élèves, et même sur leur réussite, mais uniquement à condition de servir à faciliter les aspects les plus importants de toute salle de classe : la force des relations humaines entre élèves et enseignants, commente Thierry Karsenti. Les recherches que nous menons avec Classcraft nous permettront de mettre en lumière de nouveaux moyens de promotion du sens de l’engagement, de la connectivité et de l’appartenance chez les élèves d’aujourd’hui. »

Classcraft compte une cinquantaine d’employés, dont une trentaine à Sherbrooke. L’entreprise a agrandi en prenant les locaux laissés vacants par la fermeture d’Irisium.

« Les investissements de cette taille, en technologie numérique, c’est une ronde de financement respectable! D’avoir ce capital à Sherbrooke, c’est super. Ça va permettre d’assurer la pérennité de l’entreprise et de faire croître la main-d’œuvre », note M. Young, qui a cofondé l’entreprise en 2013 aux côtés de son frère Devin et de leur père Lauren.

L’entreprise souhaite renforcer son offre de produits grâce à des déploiements à grande échelle, en partenariat avec des écoles et des commissions scolaires.

« Cet investissement nous donne les moyens de mettre à profit les jeux, la technologie et les expériences afin de stimuler une culture de l’engagement chez les jeunes », commente Shawn Young.

On retrouve parmi les investisseurs actuels de Classcraft Whitecap Venture Partners, Brightspark Ventures et MaRS Catalyst Fund.