Sébastien Lacroix | Les 2Rives
Crédit photo : Gracieuseté de l’équipe
Une équipe de six étudiants en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke, dont la moitié proviennent de Sorel-Tracy, commence à commercialiser une innovation qui a pour objectif de prévenir la prolifération des espèces exotiques envahissantes dans les plans d’eau.
Le projet Ozero est une station de lavage qui permet d’abord de nettoyer la coque des bateaux et leur remorque de mise à l’eau. L’innovation porte surtout sur le nettoyage de la tuyauterie interne avant la mise à l’eau. Une ventouse envoie de l’eau chaude et permet ainsi d’aller tuer les espèces envahissantes, et ce, sans causer de problèmes écologiques.
« C’est un gros vecteur de propagation [la tuyauterie interne]. Ce qui se trouve dans les ballasts et les viviers représente la moitié des espèces exotiques envahissantes à éliminer », indique Maxime Guay.
Celui-ci est l’un des trois Sorelois du groupe de six promoteurs du projet Ozero, avec Matys Tessier et Benjamin Farley, mais également Olivier Harpin et Christophe Morin, de Saint-Hyacinthe, ainsi qu’Olivier Liberge, de Drummondville.
Le groupe, qui a développé cette innovation dans le cadre d’un projet étudiant, entreprendra sous peu des démarches pour faire breveter le procédé. Ils souhaitent commercialiser leur invention en offrant leurs services aux municipalités, aux pourvoiries et aux entreprises intéressées à préserver leurs lacs dont la qualité de l’eau est menacée.
Un marché intéressant
Le besoin est surtout criant en Estrie, où l’on retrouve plusieurs plans d’eau qui risquent l’eutrophisation. Il y a également une problématique au Centre-du-Québec et dans Chaudière-Appalaches. Tout comme en Abitibi-Témiscamingue, où le groupe a fait une tournée à la fin du mois d’août.
« En terme de timing, on arrive au bon moment. Parce que c’était une problématique qui était peu connue jusqu’à maintenant et qui fait de plus en plus peur aux municipalités », fait valoir Maxime Guay.
« C’est un enjeu environnemental, parce que l’eutrophisation risque de faire mourir les lacs, mais ç’a aussi une portée économique. Parce qu’un lac en mauvais état peut faire baisser jusqu’à 20 % la valeur des propriétés riveraines. Ce qui a un impact sur les taxes foncières, plaide-t-il. C’est aussi une question de plaisance, parce que ce n’est pas agréable de se baigner dans les algues. »
Les étudiants prévoient se lancer à temps plein dans l’aventure en offrant leur station de lavage à des prix variant de 15 000 $ à 40 000 $. « Ça dépend des besoins. On s’assoit avec les municipalités et on fait une station sur mesure », explique Maxime Guay.
La station peut s’installer partout où il y a des lacs avec une descente de bateaux. Le projet Ozero ne serait toutefois pas aussi utile dans les marinas qui se trouvent sur le fleuve et les rivières. « Ç’aurait de l’impact, mais à plus petite échelle », précise le Sorelois.
Avec de nombreux lacs en mauvais état, le groupe estime qu’il y a un marché intéressant pour le projet Ozero. D’ailleurs, seulement au Québec, le Bureau d’enquête du Journal de Montréal avait répertorié, il y a quelques semaines, près de 200 plans d’eau qui présentent des signes de vieillissement à prendre au sérieux, en tenant compte seulement des données du Réseau de surveillance volontaire des lacs du Québec.
Le grand besoin à l’échelle canadienne a même séduit le jury du AquaHacking Challenge 2020, qui s’est tenu en Colombie-Britannique, où le groupe d’étudiants a reçu un grand prix d’une valeur de 20 000 $.