Rafael Miró | La Presse | Lire l’article original

Dans les dernières années, les villes qui ont promis de diminuer l’empreinte carbone de leurs services publics, y compris de leurs services de transport en commun, sont nombreuses. Letenda, jeune entreprise établie à Longueuil, travaille justement à concevoir une solution de rechange complètement électrique aux autobus hybrides ou diesel.

« C’est sûr que quand on dit “autobus électrique” et “Québec”, on pense immédiatement à Lion Électrique », s’amuse Nicolas Letendre, président fondateur de Letenda. « En fait, ce ne sont pas nos concurrents : eux font des camions et des autobus scolaires, alors que nous, on a pensé notre produit spécifiquement pour les transports en commun. »

L’ingénieur de formation a fondé Letenda en 2017, après avoir passé des années à étudier méticuleusement le marché des autobus. Aujourd’hui, grâce à l’aide du gouvernement et d’acteurs privés comme Rio Tinto Alcan, qui y a investi plus de 650 000 $, l’entreprise s’apprête à mettre sur le marché son premier modèle, l’Électrip.

L’Électrip pourra accueillir jusqu’à 45 passagers, dont 6 en fauteuil roulant. Il mesurera environ 30 pi de long, soit un gabarit un peu plus petit que les Novabus utilisés actuellement par la STM. S’il a été conçu à Longueuil, où Letenda a son siège social, l’autobus sera en très grande partie composé d’aluminium assemblé au Lac-Saint-Jean par l’entreprise locale Construction Proco.

Adapté aux grands froids

L’un des grands atouts de l’Électrip, c’est qu’il est mieux adapté aux températures hivernales que la plupart de ses concurrents. « Ce qui arrive, explique Nicolas Letendre, c’est que beaucoup d’entreprises font des autobus électriques qui sont de simples conversions des autobus diesel. En gros, on enlève le moteur diesel, on met un moteur électrique et des batteries où on peut. »

« Le problème, c’est que les autobus diesel n’ont pas besoin d’être très bien isolés, parce que le moteur produit beaucoup de chaleur qu’on peut faire circuler à travers la structure. » Les autobus électriques, eux, sont plus difficiles à garder au chaud pendant l’hiver, parce que les moteurs électriques produisent beaucoup moins de chaleur.

« En travaillant sur l’isolation et sur des sources de chauffage innovantes, on peut améliorer à la fois les performances du véhicule et le confort des passagers. »

– Nicolas Letendre, président fondateur de Letenda

Pour remplacer la chaleur du moteur, les véhicules Letenda sont donc dotés d’un plancher chauffant qui a l’avantage d’être moins énergivore et de distribuer plus uniformément la chaleur. L’habitacle est aussi mieux isolé – un atout essentiel pour un véhicule électrique, puisque toute l’énergie dépensée à chauffer ou à climatiser le véhicule diminue le temps d’autonomie de la batterie.

Conçu pour le transport en commun

L’autre innovation de l’Électrip, c’est sa forme quelque peu inhabituelle, qui lui permet d’être plus spacieux et accessible, pour répondre aux besoins du transport en commun. Les roues avant sont situées devant la porte, ce qui permet de faciliter l’entrée des passagers, en particulier les usagers en fauteuil roulant. « Quand on entre dans le véhicule, on n’a pas de boîtes de roues qui causent des goulots d’étranglement, comme dans les autobus de la STM », illustre Nicolas Letendre.

« Les études montrent aussi que les passagers vulnérables se sentent plus en sécurité quand il n’y a pas de goulot d’étranglement et qu’ils peuvent avoir un contact visuel avec le conducteur », ajoute Nicolas Letendre.

Pour le moment, Letenda n’a pas encore vendu d’autobus, mais son fondateur estime que son produit est assez mûr pour trouver sa place sur le marché. « On est en train de discuter avec des clients potentiels, et notre objectif, c’est d’avoir nos premières ventes en 2022 pour sécuriser notre production. On espère livrer nos premiers produits dès le quatrième trimestre de 2023. »

Letenda compte 37 employés, dont 15 ont été embauchés au cours de la dernière année.