Maintenir une vue d’ensemble sur ses avoirs numériques, cela peut devenir problématique lors de la saison des impôts. (Photo: 123RF)

François Remy | Les Affaires | Lire l’article original

LES CLÉS DE LA CRYPTO. Si vous vous dites que les cryptos sont broche à foin, qu’il ne se passe plus grand-chose autour du bitcoin à part des escroqueries ou que ce marché digital reste trop déconnecté de nos réalités, cette chronique est faite pour vous.

Le monde des monnaies numériques continue d’attiser la curiosité de bon nombre de personnes, car il recèle d’opportunités et de nouvelles formes d’investissement sans équivalent dans la finance traditionnelle. Pour celles et ceux en quête de démocratisation et de décentralisation des marchés financiers, l’écosystème crypto ne présente pas que des risques, mais aussi des rémunérations.

Citons, par exemple, les «pools de liquidités», ces stocks de jetons digitaux verrouillés dans un contrat intelligent pour assurer des transactions plus rapides ; le «staking», sorte de compte épargne blockchainisé, ou encore les «tokens wrappés», des cryptomonnaies liées à un autre actif, classique ou sur une autre blockchain, mises à profit sur des plateformes de finance décentralisée (DeFi)…

Naturellement, lorsqu’on évolue dans un environnement atomisé comme la DeFi, où l’on doit jongler avec différentes adresses blockchain, divers portefeuilles numériques et autant d’interactions sur plusieurs protocoles ou plateformes, cela tend à complexifier la tenue d’une simple comptabilité. Si cela la constitue déjà un défi pour maintenir une vue d’ensemble sur ses avoirs numériques, cela peut devenir problématique lors de la saison des impôts.

Tenir un compte de «crypto-apothicaire» exige une discipline individuelle, l’aide de professionnels du chiffre, mais pas seulement. Sur le plan technique, cela prend aussi des outils capables de consolider la nuée de transactions DeFi (swaps, airdrops, provision de liquidité) et d’en produire un résumé historique cohérent. Et nous n’abordons même pas ici les éventuelles difficultés pour évaluer avec pertinence le rendement cumulé de ses investissements finance décentralisée.

Évidentes en théorie, les opportunités de la DeFi peuvent sembler plus retorses dans la pratique. Pourtant, il ne manque pas non plus de populaires plateformes fiscales dédiées aux cryptos telles que les Koinly.io, Coinpanda.io, Ledgible.io. Mais leurs résultats de gestion peuvent afficher des écarts du simple au double au départ d’un même portefeuille DeFi. Récolter les données, les interpréter et les communiquer de façon précise s’avère laborieux.

En plus, l’administration fiscale n’a pas encore pensé à toutes les possibilités de traitement des transactions DeFi. L’écosystème fragmenté par défaut de la finance décentralisée subit un manque de standardisation des méthodes de déclaration des impôts. Et le cadre des normes ou règlements évolue nettement moins vite que l’écosystème, où émergent presque chaque jour de nouveaux protocoles.

Bonne nouvelle, tous ces enjeux représentent autant d’excellentes raisons d’innover. Entreprendre, n’est-ce pas résoudre les problèmes du monde, un produit ou service à la fois ? Des solutions technologiques ont d’ailleurs vu sur le marché pour tenter de réconcilier les transactions DeFi et la fiscalité. Même à Montréal, à l’instar de la plateforme d’analyse Octav se revendiquant «facilitateur pour déchiffrer la DeFi» et qui exploite les données à la source, sur les blockchains, pour garantir la fiabilité. L’entreprise Octav vient de lever 2,65 millions de dollars auprès d’investisseurs réputés dans le milieu (Nascent, Polymorphic Capital) ou encore un certain Paul Desmarais, PDG de Sagard Holdings. Actuellement en version bêta avec des milliers d’utilisateurs, sept blockchains intégrées et plus de 100 millions de transactions indexées à ce jour, Octav utilisera les capitaux frais pour intégrer davantage de chaînes «afin de capturer l’ensemble de l’écosystème DeFi».