Guillaume Parent, PDG et cofondateur de Gallea [crédit photo: Montréal inc.]
Partick Pierra | InfoBrefLire l’article original

Quoi de plus triste qu’un mur vide, alors que des milliers d’artistes visuels rivalisent d’imagination et de talent pour créer des œuvres qui, souvent, restent méconnues? La jeune pousse montréalaise Gallea met en relation les artistes, les acheteurs d’art, et les entreprises intéressées à exposer des œuvres, avec l’ambition de devenir le plus grand réseau mondial de distribution d’art.

Problème auquel l’entreprise s’attaque: la difficulté de distribuer des œuvres d’art.

«Ma mère et ma grand-mère ont été artistes peintres, raconte Guillaume Parent, PDG et cofondateur de Gallea. Elles ont vécu à quel point il est difficile, pour un artiste, de faire connaître ses œuvres, de les vendre et d’en vivre.»

«Il y a des artistes fantastiques dont les œuvres demeurent méconnues. En même temps, on voit partout de grands murs vides, qui gagneraient à être embellis. Notre objectif est de faire se rencontrer l’offre artistique et la demande latente.»

La solution imaginée par Gallea: un réseau de distribution des œuvres d’art visuel.

Ce réseau a 2 composantes.

D’abord, une galerie en ligne. Les artistes peuvent y présenter leurs œuvres et les consommateurs amateurs d’art, les consulter et les acheter.

Ensuite, un canal de distribution vers des lieux d’exposition physiques autres que des musées et des maisons de la culture: restaurants, hôtels, bureaux, espaces commerciaux, espaces de travail collaboratif.

Le gestionnaire d’un lieu peut ainsi embellir son espace avec une série d’œuvres d’art, qui sont installées pour une période de 4 mois. «En ce moment, l’Hôtel Bonaventure Montréal présente une exposition organisée par l’intermédiaire de notre plateforme», donne en exemple Guillaume Parent.

Les œuvres améliorent la qualité de l’expérience offerte par l’espace aux employés, clients et usagers qui le fréquentent. Une exposition peut même servir au marketing, en suscitant la curiosité pour attirer des clients dans un lieu. L’exposition sert aussi de vitrine commerciale aux artistes.

Les œuvres sont accompagnées d’un petit panneau indiquant leur nom, celui de l’artiste, et leur prix de vente.Grâce à un code QR, ceux qui sont intéressés – ou simplement intrigués – par une œuvre peuvent, sur leur téléphone, apprendre à connaître l’artiste, découvrir son catalogue, et acheter directement ses œuvres.

Le modèle d’affaires repose sur la contribution financière de 3 catégories d’acteurs.

Les acheteurs d’art:

Gallea perçoit une commission sur le montant des ventes générées par son intermédiaire. «Elle est de l’ordre de 20 à 30%, précise Guillaume Parent. C’est beaucoup moins que le pourcentage de 50% généralement pratiqué par les galeries d’art.»

Les artistes:

Gallea leur offre gratuitement de s’inscrire, de présenter en ligne leurs œuvres (peintures, photos, art numérique) et de les mettre en vente sur sa plateforme.

L’entreprise leur propose des services supplémentaires, moyennant un abonnement de 10 $ à 50 $ par mois.

Ces services sont principalement:

– de les aider à afficher leurs œuvres dans des lieux;

– de leur faire profiter de rabais sur des services commercialisés par des fournisseurs partenaires;

– de bénéficier d’un taux réduit sur la commission de vente prélevée par Gallea.

Les lieux d’exposition:

Une entreprise intéressée à accueillir des œuvres chez elle souscrit un abonnement annuel. Elle se crée un compte dans la plateforme en ligne, puis soumet un appel de candidatures: Combien d’œuvres souhaite-t-elle afficher? De quelle taille? De quel style?

Avec un abonnement de base, l’entreprise gère l’exposition de façon autonome: elle choisit elle-même les œuvres parmi celles que les artistes lui proposent, et Gallea s’assure que les artistes se présentent sur les lieux aux moments convenus pour accrocher, puis décrocher leurs œuvres.

Gallea propose aussi des services complémentaires.

«On peut envoyer une personne sur place pour prendre le pouls du lieu, accompagner l’entreprise dans la sélection des œuvres, faire un plan d’aménagement des lieux pour l’exposition, et assurer nous-même l’accrochage et le décrochage des œuvres», indique Guillaume Parent.

Le prix d’un abonnement corporatif peut varier de 65 $ à 2500 $ par mois selon les lieux et services utilisés.

Où en est l’entreprise actuellement?

L’entreprise a commencé ses activités en 2018.

La pandémie a freiné le déploiement d’œuvres dans des lieux physiques. En revanche, elle a dopé les ventes en ligne. «Nous étions 7 employés avant la pandémie, nous sommes 25 aujourd’hui», note Guillaume Parent.

Plus de 8000 artistes, provenant de 40 pays, se sont inscrits sur la plateforme en ligne. Gallea a un réseau de lieux d’exposition à Montréal, Québec, Ottawa, Toronto et Vancouver. Elle est en contact avec un bassin de plus de 50 000 acheteurs d’art. Gallea a été sélectionnée comme l’une des Révélations 2021 de Montréal inc. [Découvrez nos portraits des autres Révélations 2021.]

Linzi Shang, une autre cofondatrice de l’entreprise, vient de gagner le Prix Montréal inc. de l’entrepreneure de l’année 2021.

Prochaines étapes:

«On veut créer le plus grand réseau mondial de distribution d’œuvres d’art à travers le monde», résume Guillaume Parent. Cela passera d’abord par l’expansion du réseau de lieux d’exposition, au Canada, puis aux États-Unis et en Europe.