Olivier Schmouker | L’actualité

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Filo a trouvé comment contribuer à réduire l’empreinte environnementale de l’industrie des produits d’entretien ménager : en remplaçant les bouteilles de nettoyants en plastique par de simples pastilles à dissoudre.

L’histoire qui suit est celle d’un lauréat de la troisième édition des Prix de l’impact social, qui récompensent des entreprises et des organismes québécois qui travaillent de façon méthodique à changer le monde. L’entreprise Filo a reçu le prix dans la catégorie Environnement. Pour lire tous les récits inspirants, c’est ici.

Une bouteille pour le lavage des comptoirs de la cuisine, une autre pour l’évier, une autre encore pour les planchers. Autant de bouteilles, sinon plus, pour la salle de bains, des désinfectants pour les jouets des enfants… Cela fait beaucoup de bouteilles de produits nettoyants dans nos armoires, non ? Lesquelles sont essentiellement remplies d’eau, d’ailleurs. « Rien que le transport entre les usines de fabrication, les magasins et les logements des consommateurs est une nuisance importante pour l’environnement », estime Marie-Hélène David, fondatrice et présidente de Filo, une jeune entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec.

La solution de Filo : une pastille rectangulaire grande comme une brique de Lego. Il suffit de la dissoudre dans un demi-litre d’eau pour obtenir du liquide nettoyant. Cela n’élimine pas complètement les bouteilles, puisqu’on doit en garder quelques-unes sous la main pour conserver le produit une fois celui-ci dilué. Mais tout ce transport en moins contribue à réduire l’empreinte environnementale du secteur des produits d’entretien, explique Marie-Hélène David.

Un incident de plomberie chez elle, en 2019, a amené l’entrepreneure — elle est aussi derrière Kanevas, la marque de sacs à main sur mesure qu’elle a cofondée — à réfléchir aux produits nettoyants qu’elle utilisait, « à leur impact sur l’environnement, au fonctionnement de toute cette industrie ». De là est née l’idée de la pastille. La trentenaire, titulaire d’un MBA de l’Université Laval, a demandé à un laboratoire indépendant de la région de la Capitale-Nationale de la mettre au point.

Pour la commercialisation, on lui a ajouté des parfums : pamplemousse et mangue pour le nettoyant tout usage, épinette noire pour la salle de bains, citron et menthe pour les vitres et les miroirs. La version pour inox, elle, est sans fragrance.

Filo est née le 1er avril 2020, en pleine pandémie. Cela n’a pas nui. Avec les périodes de confinement et le télétravail, les Canadiens ont été nombreux à rester chez eux, et ils ont nettoyé davantage leur logement. Le commerce en ligne a par ailleurs doublé au Canada de février à mai 2020, pour atteindre près de quatre milliards de dollars au cours de cette période, selon Statistique Canada. « Grâce au Web, les achats proviennent de partout au pays, y compris de zones éloignées comme le Yukon », dit Marie-Hélène David. La moitié des ventes de Filo se font par Internet, le reste dans des boutiques de produits en vrac ou dans des pharmacies.

Filo comptait quelque 5 000 clients à la fin de 2020. Si la tendance se maintient, leur nombre devrait doubler d’ici la fin de 2021, tout comme le chiffre d’affaires.

L’entreprise emploie maintenant 10 personnes, dont deux chimistes. Leur mission consiste à concocter de nouvelles pastilles, cette fois pour les soins corporels. « Mon ambition à présent est de révolutionner l’industrie des cosmétiques ! » lance l’entrepreneure.