Marie-Hélène David, présidente et fondatrice de MYNI (Le Soleil, Patrice Laroche/Le Soleil, Patrice Laroche)

Marie-Soleil Brault | Le Soleil | Lire l’article original

Après s’être démarquée avec une gamme de produits ménagers en format pastilles, l’entreprise québécoise MYNI s’attaque aux soins corporels, cette fois-ci avec une recette brevetée bien à eux… sous forme de poudre.

L’inspiration de MYNI est venue à Marie-Hélène David de manière impromptue. Dans son nouveau logement, un tuyau d’évier avait été percé par les émanations toxiques de ses produits nettoyants.

Après quelques recherches, la mère de famille réalise qu’elle n’est pas la seule à avoir vécu une telle situation.

«J’ai donc commencé à faire mes propres produits à la maison avec du vinaigre et du bicarbonate de soude. Mon chum n’était plus capable de l’odeur, rigole l’entrepreneure. Alors, je me suis dit qu’il devait exister d’autres solutions et à travers tout ça, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’eau dans les produits nettoyants, presque 95%.»

Ici est née MYNI, pour «miny-maliste» et son idée de produits à base de concentré. Une première collection a vu le jour au début de pandémie sous forme de pastilles pour remplacer les produits ménagers, comme les nettoyant tout usage, savons et détergent à lessive et à lave-vaisselle.

«En 2021, nous avons vendu pour l’équivalent de 500 000 bouteilles», se réjouit Mme David, comptable de formation.

Si l’entreprise a été fondée par le besoin immédiat d’une mère de deux enfants, elle a ensuite été bâtie pour offrir une option écoresponsable de tous les jours.

«En devenant maman, tu te demandes quel type de planète tu lègues à tes enfants. Je me sentais impuissante. Est-ce que ce qu’on fait là va changer quelque chose? Peut-être un peu, mais ça ne réglera pas la situation. Mais, au moins, je me dis que je fais quelque chose…»

Aujourd’hui, deux ans de recherche et développement plus tard, MYNI s’attaque désormais aux soins corporels.

Du revitalisant… en poudre?

L’équation est simple : ajouter l’eau et la poudre à la bouteille en pailles de blé et vous voilà avec un revitalisant, un shampoing ou un gel douche, similaire en texture à ce que vous pouvez trouver sur les étagères de votre pharmacie.

Mais sans un grand pourcentage des émissions de gaz à effet de serre liées au transport de l’eau ainsi que le plastique à usage unique, précise Marie-Hélène David.

«Avec des bouteilles en plastique, les entreprises ont avantage à prendre plus de place sur les tablettes, parce qu’elles ont plus de visibilité. Alors plus d’eau, plus de volume. Et plus les couleurs attirent l’œil, même si ce n’est pas nécessairement bon», déplore Mme David.

Fabriquée dans une usine de Saint-Augustin par l’équipe de chimiste de MYNI à partir d’ingrédients naturels et synthétisés, la nouvelle gamme détient deux brevets, principalement pour permettre à la poudre d’entrer dans l’eau et de se gélifier.

«Car habituellement pour faire un gel, il faut réchauffer et refroidir, alors c’était là le défi», explique Marie-Hélène David.

«L’objectif, c’était que le monde soit capable de faire le changement et qu’il n’y ait pas d’impact sur le prix, et ça, c’est super important. Des produits naturels, généralement, c’est plus cher.»  Sur les étagères de 450 points de vente au Canada et aux États-Unis, une bouteille de 400 millilitres se vend autour de 9$.

Et si les produits sont assez populaires pour croître à l’international, Mme David prêche plutôt pour la patience.

«On aimerait pouvoir viser plus large, mais pour le moment on veut se concentrer à trouver des solutions sur d’autres types de produits.»

Néanmoins, cela ne veut pas dire que certains marchés québécois ne l’attirent pas.

«Nous ne vendons pas encore avec des bannières. On aimerait que Jean Coutu ou Familiprix prennent le produit, espère-t-elle. On attend juste ça.».