René-Charles Quirion, La Tribune
Le confinement lié à la pandémie de la COVID-19 a représenté un défi important dans les écoles secondaires du Québec afin de passer de l’enseignement en classe à l’enseignement à distance.
L’obstacle était toutefois moindre pour les écoles où la pédagogie numérique faisait partie des habitudes.
Au Séminaire de Sherbrooke, des journées numériques où les élèves restaient à la maison pour passer en mode virtuel avaient déjà été expérimentées.
« En toute humilité, le confinement n’a pas été un défi si important au Séminaire. À l’ordre collégial, les élèves ont manqué une seule journée de cours et la session a pu se poursuivre à distance, alors que ç’a pris jusqu’à six semaines dans certains autres collèges », explique le responsable des technopédagogies au Séminaire de Sherbrooke, Dominic Carmichael.
Il rappelle que la présence en classe appuyée par la technopédagogie est le modèle préconisé au Séminaire de Sherbrooke.
« Notre rentrée est facilitée par le fait que nos enseignants ont moins à se soucier du virage numérique. Ils peuvent se concentrer sur les apprentissages des élèves », ajoute la directrice des services pédagogiques au Séminaire de Sherbrooke, Isabelle Chaîné.
Même si le choix de doter les élèves d’ordinateurs portables n’a jamais été remis en question, la Commission scolaire Eastern Townships a pu constater l’efficacité de son virage numérique le printemps dernier.
« Avec les circonstances, nous étions contents d’avoir pris le virage numérique. Pendant que les autres commissions scolaires tentaient d’acquérir des ordinateurs portables, nous pouvions offrir des modems cellulaires aux familles dont l’accès cellulaire était plus difficile », mentionne le président Michael Murray.
Le confinement du printemps dernier a fait exploser la demande pour la plateforme Classcraft avec plus de 20 000 abonnements pour la version gratuite.
« L’enjeu de la motivation scolaire était central lorsque les écoles ont été fermées. Les élèves avaient le choix entre jouer à Fortnite ou faire leurs travaux scolaires. Nous avons eu des contacts avec des écoles de partout dans le monde pour leur proposer des stratégies de motivation scolaire », explique Shawn Young, cofondateur et PDG de l’entreprise sherbrookoise.
Il rappelle que du jour au lendemain, les élèves ont dû apprendre à apprendre d’une façon nouvelle.
« La motivation est difficile à maintenir si les élèves ne sont pas connectés à une communauté. Classcraft leur permettait une interaction avec leurs pairs, une vraie expérience collective », indique Shawn Young.
Ce dernier préside l’Association des entreprises pour le développement des technologies éducatives au Québec (Edteq), qui vise à faire connaitre les quelque 85 entreprises et OBNL québécois qui offrent des produits et services numériques en éducation.
« Plusieurs de ces entreprises ont été créées par des enseignants québécois. Nous travaillons à favoriser l’utilisation du numérique dans les classes qui donnent une valeur ajoutée aux enseignements », explique Shawn Young.
Des démarches ont été entreprises auprès du ministère de l’Éducation du Québec afin de mettre à jour la Loi sur l’instruction publique afin qu’il soit possible pour les écoles de charger des frais pour les applications numériques et logiciel alors qu’il est seulement possible de le faire pour des documents où l’élève « écrit, dessine et découpe. »
« Il est possible de charger des frais pour des photocopies ou des cahiers d’exercices, mais pas pour les outils numériques. Ce n’est pas question de charger plus, mais de permettre au milieu scolaire de proposer des alternatives numériques », mentionne Shawn Young.
Il plaide aussi pour que le milieu scolaire applique une politique d’achat local dans le choix des outils numériques.
« Il y a une industrie très intéressante au Québec et il faut la faire connaitre. Il faut sortir des applications américaines ou étrangères et regarder ce qui se fait ici », estime M. Young.
L’Edteq souligne la mise en place du plan numérique lancé par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec en 2018.
« Le virage numérique est important. Ça doit devenir un enjeu de société. On travaille sur les centres de services scolaires ou la maternelle quatre ans, mais le numérique constitue une compétence transversale importante dans les classes qui a été mise en évidence avec le confinement lié à la COVID-19 », croit Shawn Young.