Francis Alain | TVA Nouvelles

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Un joueur de batterie qui s’était acheté au départ une imprimante 3D pour faire de la musique a été intrigué par le mécanisme au point de lancer avec son frère sa propre entreprise de composantes d’imprimantes, qui connaît un succès mondial.

« Mon frère a étudié en génie mécanique à l’École de technologie supérieure (ÉTS). En bon patenteux, il a commencé à démonter l’imprimante pour comprendre que dans 95 % des cas, le problème venait du système d’extrusion », explique de façon posée Jean-Sébastien Carrier, président et cofondateur de Dyze Design.

Fondée en juin 2015, la PME d’une vingtaine d’employés de Longueuil est en quelque sorte… née par accident. Au départ, son frère musicien, Philippe, n’avait aucune idée qu’il s’apprêtait à lancer sa jeune entreprise.

Intrigué par les nouvelles imprimantes 3D qui commençaient à arriver sur le marché en 2012, Philippe Carrier en a acheté une pour tester ses sons pour faire de la musique, mais il s’est buté à de nombreux problèmes.

Pour comprendre ce qui clochait, il a alors démonté l’imprimante 3D au complet et a réalisé que les pépins venaient du système d’extrusion.

Pour régler le problème, Dyze a mis au point un système d’extrusion ultra sophistiqué, et l’a mis sur le marché. Le succès a été immédiat.

Ces cinq dernières années, ses ventes ont été multipliées par sept, soutient la jeune entreprise du secteur LeMoyne, à Longueuil.

Marché de niche

Aujourd’hui, Dyze exporte ses produits dans plus de 50 pays. Plus d’une vingtaine de fabricants d’imprimantes s’arrachent ses composantes.

Parmi ses clients, on compte le fabricant montréalais AON3D, dont les pièces 3D seront envoyées sur la Lune.

« On veut devenir le Héroux Devtek des têtes d’extrusion », lance Jean-Sébastien Carrier avec fierté.

Semelles orthopédiques, prothèses pour les vétérans de l’armée, composantes automobiles… les extrudeurs d’imprimantes 3D de Dyze permettent aux entreprises d’imprimer sur mesure les pièces cruciales qu’il leur manque.

« Plutôt que de se jeter dans la mêlée et de développer une imprimante 3D complète, on a décidé qu’il fallait mieux être les meilleurs dans le monde dans une partie bien précise du système », souligne Jean-Sébastien Carrier.

Dans les imprimantes 3D, le système d’extrusion est l’ensemble des mécanismes qui servent à amener la matière première et à la déposer pour fabriquer des objets. C’est ce système ultra-pointu qu’a développé Dyze.

« On aide les entreprises à réduire le prix de fabrication unitaire des pièces. Plus le flux d’impression est élevé, plus la machine fait des pièces rapidement », illustre Jean-Sébastien Carrier.

Résultat, ses clients en redemandent, car les pièces de Dyze leur permettent d’imprimer un plus grand nombre de pièces et d’amortir leurs coûts.

Quand on lui demande pourquoi sa PME a réussi à attirer l’attention des géants de l’industrie en quelques années à peine, Jean-Sébastien Carrier répond qu’il n’y a pas d’autre recette magique que le travail acharné.

« On ne fait pas de magie. C’est juste que l’on se concentre sur les systèmes d’extrusion. On ne fait que ça. On est capable de mettre plus de temps à l’ingénierie et faire plus de recherches scientifiques », explique-t-il.

Rester au Québec

Quant à savoir s’il espère maintenir les activités de sa compagnie ici, le dirigeant ne passe pas par quatre chemins.

« Tant que je le peux, je vais essayer de garder l’entreprise au Québec », conclut Jean–Sébastien Carrier, qui n’exclut cependant pas de regarder d’un œil les offres sérieuses.

Le mois dernier, Dyze Design a conclu une ronde de 2 millions de dollars, avec ACET Capital comme principal investisseur, Boréal Ventures, Développement économique de l’agglomération de Longueuil (DEL) et un groupe d’anges investisseurs.